Danse macabre
Pour les articles homonymes, voir Danse macabre (homonymie). La Danse macabre est un élément, le plus achevé, de l'art macabre du Moyen Âge, du XIVe au XVIe siècle. Elle représente, dans la littérature, la peinture ou la sculpture, l'entraînement inexorable de tous les humains, quelle que soit leur position sociale, dans un cortège solidaire vers un destin commun. On y voit à la suite un Pape, un évêque, un moine, un Empereur, un Roi, un seigneur, un soldat, un bourgeois... La Danse macabre est décrite dans plusieurs poèmes latins, Français, allemands ou italiens, le plus souvent anonymes. Tout au long du XVe siècle et au début du XVIe, ce thème est peint a fresco sur les murs des églises et dans les cimetières d'Europe du Nord. Cette forme d'expression est le résultat d'une prise de conscience et d'une réflexion sur la vie et la mort, dans une période où celle-ci est devenue plus présente et plus traumatisante. Les guerres — surtout la Guerre de Cent Ans —, les famines et la Peste, que représentent souvent les trois cavaliers de l'Apocalypse, ont décimé les populations.. La Danse macabre souligne la Vanité des distinctions sociales, dont se moquait le destin, fauchant le pape comme le pauvre prêtre, l'empereur comme le Lansquenet. Contexte artistique La Danse macabre est une étape dans la représentation de la Mort. Ce thème apparaît après celui du Dit des trois morts et des trois vifs, du Triomphe de la Mort, de lArs moriendi, du Mors de la Pomme, des Vanités et des Memento mori. Mais alors que la leçon du Triomphe de la mort présente l'individu mourant, ayant le temps de faire un dernier examen de conscience, la Danse macabre entraîne celui-ci immédiatement vers la pourriture, en montrant une Mort insensible aux inégalités sociales. Elle prenait donc la forme d'échanges verbaux — le plus souvent de quatre lignes — entre la Mort et 24 personnes rangées par ordre hiérarchique. Un rôle prépondérant y était vraisemblablement attribué aux sept frères macabres, à leur mère et à Eléasar. Une représentation eut d'ailleurs lieu à Paris dans le cloître des Innocents en leur mémoire. D'où le nom consacré en latin de chorea macabæorum (danse macabre). D'autres théories prétendent que le mot « macabre » vient de l'arabe makabir qui signifie "tombeaux" ou "cimetière", ou encore d'un peintre du nom de Macabré. La prédication des Ordres mendiants contribua à la diffusion dans la chrétienté de ce thème du destin inéluctable de l'homme et de l'égalité de tous devant la mort. - L'une des plus anciennes figurations de Danse macabre connue apparaît à Paris, en 1424, sur les murs du charnier du cloître des Saints Innocents. Cette fresque, aujourd'hui détruite, ne comportait que des hommes. Elle nous est parvenue à travers des gravures populaires que l'on retrouve dans le Manuscrit de Blois, au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France.
- Vers 1440, le moine anglais John Lydgate traduisit le poème et recopia la représentation du charnier des Saints Innocents sur l'église Saint Paul de Londres. Le thème de la Danse macabre se diffusa ainsi en Angleterre.
- On retrouve autour de 1460, dans l'église de Lübeck, une Danse macabre apparue lors du passage de la « mort noire » (la peste). Cette peinture murale de la chapelle de la mort fut en partie annotée par Bernt Notke. Les vers en allemand populaire ont partiellement été conservés jusqu'à aujourd'hui.
- La danse macabre y est représentée sous sa forme la plus simple : 24 figures humaines, ecclésiastiques et laïques, dans l'ordre décroissant de pape, empereur, impératrice, cardinal, roi, jusqu'au paysan, jeune homme, jeune femme et enfant. Chaque personnage y danse toujours avec son mort.
- Cette fresque fut détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale. Deux vitraux réalisés par Alfred Mahlau en 1955-1956 rappellent aujourd'hui dans cette chapelle ce chef-d'oeuvre disparu.
Fragment de la Danse macabre de Bernt Notke pour Rīga aujourd'hui dans le musée de Tallinn. - À partir du milieu du XVe siècle, de nouvelles fresques apparaissent. Elles sont exécutées dans les églises d'Amiens, d'Angers, de Dijon ou de Rouen, aussi bien sur le sol que sur les façades.
- Dans l'Espagne médiévale, les Danzas de la Muerte sont représentatives de la crise des Espagnes au sortir du bas Moyen Âge. L'attrait culturel pour cette forme de danse macabre dans la péninsule ibérique sera reprise avec la devise Viva la Muerte du camp nationaliste lors de la guerre civile au XXe siècle.
« A la dança mortal venid los nascidosque en el mundo soes de qualquier estado; el que non quisiere a fuerça de amidos facerle e venir muy toste parado. Pues ya el freire vos ha pedricado que todos vayais fazer penitencia, el que non quisiere poner diligencia por mi non puede ser mas esperado. » <span class'romain' title='Nombre écrit en chiffres romains'>XVIe siècle == - À partir du milieu du XVIe siècle, les images de danses macabres se renouvellent et deviennent de plus en plus variées. Les vers sont parfois abandonnés.
- À Bâle, dans un premier temps, les Danses macabres sont transférées de la basse ville à la haute ville, sur les murs du cloître. Le nombre et l'arrangement des couples dansants restent identiques mais un prêtre est ajouté au début et un pêcheur à la fin. Lors de la destruction des murs en 1805, il ne subsiste de l'original que quelques fragments, bien que des illustrations aient été conservées parallèlement aux vers. Ce qui est devenu la célèbre « mort de Bâle » donna une nouvelle impulsion à cette catégorie de représentations, bien que la poésie ait complètement abandonné le genre.
- Herzog Georg de Sachse fit réaliser en 1534, le long du mur du troisième étage de son château, un bas-relief de pierre. Cette Danse macabre était d'une composition tout à fait novatrice avec 24 personnages et trois figures mortuaires grandeur nature, sans couple dansant. Cette oeuvre fut très endommagée par le grand incendie de 1701, puis restaurée et transférée dans la paroisse de Dresde.
- Cette représentation est à l'origine de celle de l'église de Strasbourg, qui montre différents couples dans lesquels chacun est invité à danser par sa mort.
- La Danse macabre de la Marienkirche à Berlin date elle aussi des années 1470-1490. Nicolas Manuel peint une vraie Danse macabre entre 1514 et 1522 sur les murs du cloître de Berne, constituée de 46 images, qui ne sont plus aujourd'hui accessibles que sous la forme de reproductions.
L'apport de Hans Holbein - Avec l'apparition de Hans Holbein le Jeune, la Danse macabre adopte une toute nouvelle forme artistique. Celui-ci met en scène l'irruption brutale de la Mort dans le travail et la joie de vivre. Cette représentation prend le pas sur l'idée que la mort n'épargne aucune classe sociale.
- Ses oeuvres (le plus souvent des gravures) parurent dès 1530 et furent largement diffusées sous forme de livres à partir de 1538.
Siècles tardifs D'autres auteurs ont exploité ce thème, dont : Représentations muralesEn FranceParmi les représentations murales de la Danse macabre, la France possède plusieurs fresques intérieures : En Suisse - À Lucerne, le Spreuerbrücke « Pont de la Danse des Morts », pont couvert datant de 1408 et ses 67 panneaux de Kaspar Meglinger (1626-1635)
Galerie[image] [image] [image] Autres formes de représentationsDans l'architecture et le mobilierDans les manuscritsDans la musique - Mattasin oder Toden Tanz, 1598 par August Nörmiger
- Totentanz par Franz Liszt (1849), des variations basées sur la mélodie Plain-chant Dies Irae.
- Danse macabre par Camille Saint-Saëns (1874)
- Lieder und Tänze des Todes, 1875 par Modest Mussorgsky
- Totentanz, Oratorium, 1905 par Felix Woyrsch
- Totentanz der Prinzipien, 1914 par Arnold Schönberg
- Scherzo (Dance of Death), op. 14, in Ballad of Heroes, 1939 par Benjamin Britten
- Trio en mi mineur op. 67, 4e mouvement de la Dance of Death, 1944 par Dmitri Chostakovich
- Totentanz, Der Kaiser von Atlantis, 1944 par Viktor Ullmann
- Dancing with Mr. D, 1973 par les Rolling Stones
- Ballo in fa dieresis minore (F#m), 1977 par Angelo Branduardi
- Danse macabre, 1984 par Celtic Frost
- Totentanz, 1996 par In Extremo
- Danzon macabre, 1999 par Kennan Wylie
- La Grande Danse Macabre, 2001 par Marduk
- Danse macabre, 2001 par The Faint[#]
- Danse macabre, 2002, par Cradle of Filth
- La Danse Macabre Du Vampire, 2002, par Theatres des Vampires
- Totentanz, 2002, par Latro Dectus
- Dance of Death (album), 2003 par Iron Maiden
- Danse Macabre (ダ), 2004 par Plastic Tree
- Danse Macabre, 2005 par Wintersleep
- Chorea Maccabaeorum, 2008 par Esugenus
Emprunts et référencesNotesVoir aussiBibliographie - Utzinger (Hélène et Bertrand), Itinéraires des Danses macabres, éditions J.M. Garnier, 1996, ISBN 2-908974-14-2.
- André Corvisier. Les Danses macabres, Presses Universitaires de France, 1998. ISBN 2-13-049495-1.
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Liens internes - Danse médiévale
- Dit des trois morts et des trois vifs
- Memento mori
- Pacte de contrition (essai sur la folie), sur les origines celtiques de la danse des morts et le lien avec le dieu celte Ogmios.
Liens externes
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